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que l’homme est le plus dangereux ennemi de tous les animaux, ils sont devenus plus difficiles à prendre, soit en mettant toujours en avant un espion qui veille pour la sûreté de la troupe, soit en défendant tous en corps celui qui est attaqué. Il est dangereux, mais il est beau de les voir, quand ils sont blessés, s’efforcer, en plongeant, de renverser de leur corps un bateau de pêcheurs, ou de le couler à fond en y faisant un trou avec leurs défenses. Mais la société, mère des arts qui conservent ou qui détruisent, donne toujours à l’homme une supériorité constante sur tous les êtres, soit isolés, soit réunis, qui sont restés dans l’état de nature ; et les animaux, armés de toutes leurs forces, ne peuvent résister aux progrès de notre industrie. Le sauvage fera son arc et ses flèches des arêtes du poisson que sa faim a dévoré, et se servira des dépouilles mêmes de l’individu pour désoler toute l’espèce.

Pour revenir des morses aux phoques, on en trouve dans le détroit de Davis une grande quantité des deux premières espèces déjà désignées ; mais les Groënlandais n’en attrapent presque point qui ne soient jeunes et peu faits à la guerre. Quant aux deux dernières espèces, il s’en fait deux émigrations chaque année. Une colonie part en juillet de ce fameux détroit pour y revenir en septembre. Ce détachement va chercher de la nourriture dans des mers et des pays ouverts par la belle saison. La