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change de nom comme de couleur jusqu’au dernier période de son accroissement. Le fœtus, qui est tout blanc et couvert de laine, se nomme iblau. La première année il devient couleur de crème, et s’appelle attarak ; la seconde, il est gris, et porte le nom d’atteitsiak ; la troisième, sa couleur est diversifiée, on l’appelle aglektok ; la quatrième, il est tacheté, ce qui le fait appeler milektok ; et la cinquième année, il prend le nom générique d’attarsoak. Alors c’est un animal fait, de couleur de gris-blanc, et la nature lui dessine sur le dos deux croissans noirs, dont les cornes se regardent. Sa peau raide et forte s’emploie à couvrir des malles, ou même des tentes, et quelquefois on en fait des habits ; mais on a soin d’ôter le poil à ces peaux, et d’y laisser un peu de graisse quand on en veut doubler les bateaux. L’attarsoak abonde en graisse, et l’on en tire une huile qui, pour le goût, l’odeur ou la couleur, n’a rien de plus fort que la vieille huile d’olive. Avec un baril de graisse on fait, dit-on, un baril d’huile et deux pintes au delà.

La quatrième espèce est le neitsersoak (phoca leonina), remarquable par de la laine noire qu’il a sous son poil blanc, ce qui lui donne un gris assez beau : mais une chose assez singulière est une sorte de peau épaisse et velue qu’il a sur le front ; l’animal l’abat sur ses yeux dans un temps d’orage, pour les garantir des tourbillons de sable, de neige ou de pluie, que le vent fouette au loin.