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espèce de scaphandre avec lequel ils peuvent même se tenir debout et marcher dans l’eau. On coupe les barbes fort adroitement avec d’assez mauvais couteaux ; puis ils tranchent et taillent la baleine tous à la fois, hommes, femmes, enfans, pêle-mêle et l’un sur l’autre, pour avoir part au butin ; car ne fût-on que spectateur, on a des droits à partager la dépouille. Malgré tout ce désordre, ils ont grande attention à ne pas se blesser ou se couper les uns les autres, et cependant personne ne revient de la pêche sans quelque plaie.

Parmi les autres mammifères que la mer du Groënland nourrit dans son sein, Crantz nomme encore le gibbar, tunolik ; le nordcaper, keporkak ; le narval, tugalik ; le cachalot, nigutilik ; le bielouga, kakortak ; le marsouin, nesa ; l’orque, nesarnek ; enfin les phoques. Ceux-ci sont compris sous le nom générique de veau marin, et plus correctement de phoque. Les Groënlandais en connaissent cinq ou six espèces. La première se trouve toute l’année à Bals-Fiord. La peau des jeunes sert à faire de belles vestes ; et quand un Groënlandais porte une de ces fourrures, noires sur le dos et blanches sous le ventre, il s’estime autant qu’un homme habillé de velours. La peau d’un vieil animal est ordinairement tigrée, et fait des housses et des ornemens de cheval. Cette espèce s’appelle kassigiak (phoca vitulina).

La seconde espèce, phoca groenlandica,