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principalement dans les parages de la baie de Disko. C’est là que les vaisseaux européens vont les prendre au mois d’avril, ou qu’ils les suivent jusque sur les côtes d’Amérique, où elles s’arrêtent dans la baie d’Hudson. Nous avons déjà décrit la manière dont on prend ce monstrueux cétacé ; mais les Groënlandais font aussi la pêche de la baleine à leur manière. Quand ils y vont, c’est avec leurs plus beaux habits ; car, disent leurs jongleurs, si quelqu’un avait des habits sales, ou qui eussent touché par malheur à quelque corps mort, la baleine s’échapperait, ou, fût-elle morte, ne reviendrait plus sur l’eau. Les femmes sont aussi de la partie, et leur affaire est de tenir prêtes les casaques de mer, ou de raccommoder les bateaux qui sont garnis de cuir et de peau. On va sans crainte au-devant du monstre, hommes et femmes, dans des bateaux : on lui jette des harpons où sont suspendues des vessies faites de grandes peaux de phoques, qui embarrassent ou soutiennent la pesante baleine, de façon qu’elle ne peut plonger jusqu’au fond. Lorsqu’elle est fatiguée de vains efforts, on l’accable, on l’achève à coups de lances. Alors les hommes se jettent à l’eau avec leur casaque de peau de phoque, où les bottes, le corps et le capuchon tiennent ensemble exactement cousus. Enveloppés ainsi jusque par-dessus la tête, ils ont l’air d’autant de phoques qui courent autour du monstre sans crainte de se noyer, cet habillement étant une