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vironnés d’une peau qui peut leur servir de paupière ; la bouche d’ailleurs peu large, et les mâchoires garnies d’une double rangée de dents pointues, qui rentrent en dedans ; la gorge et le palais meublés de deux membranes ou luettes armées de pointes. Ce poisson vit de crabes, et ne quitte guère le fond de la mer ; on croirait peut-être que c’est en partie à cause de sa pesanteur, de sa forme et de ses nageoires étroites, qui l’empêchent de se tenir sur l’eau ; mais les pêcheurs assurent que, quand il se sent pris à l’hameçon, il saute plus vite qu’ils ne peuvent tirer la ligne, et s’élance avec tant de rapidité, qu’ils en ont les mains écorchées par la courroie qu’ils tiennent. Sa chair est de bon goût, sa graisse délicate, Les Groënlandais coupent le flétan en petits morceaux, et le font sécher au soleil ; tandis que d’autres peuples du Nord le boucanent à la fumée. Les flétans rôdent sans doute d’un endroit à l’autre, car il y a des pêcheries au Groënland où l’on n’en trouve jamais, comme à Fisker-Fiord : mais à Godhaab, on en prend au mois de mai, plus encore en juillet et août, jamais entre les terres, toujours en pleine mer. Plus loin, à Zukkertop, la pêche s’en fait aux mois d’août et de septembre.

Le requin, que l’on trouve dans tous les climats, infeste aussi les mers du Groënland. On y voit de plus le squale très-grand, et la raie. On trouve au Groënland une grande quantité de crabes, de salicoques, de che-