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sont de pauvres femmes et des enfans qui le prennent avec des lignes faites de baleine ou de plumes d’oiseaux ; ces lignes ont trente ou quarante brasses, avec une pierre bleue au bout pour les enfoncer. Au lieu d’amorce on met à l’hameçon un os blanc, un grain de verre, ou bien un morceau de drap rouge. C’est sans doute la couleur ou le brillant qui attire le kaniok. Ce poisson, très-vilain d’ailleurs, est d’un goût excellent, surtout dans la soupe, et si sain, que les malades peuvent en manger.

Le Groënlandais n’a pas d’autre poisson à écaille que le saumon et le sullupangak (perca norvegica). Celui-ci tire son nom de sa couleur ; du reste il ressemble à la carpe, fort gras, très-bon à manger, mais difficile à prendre.

Avril et mai ramènent aux Groënlandais la pêche du nepiset (cyclopterus lumbus), qui va frayer sur la côte, et se prend avec des fourches. Long de cinq pieds, épais et gros, la tête large, deux grands yeux de chat ou de hibou ; pour toute peau une écorce épaisse, dure et calleuse, hérissée de nœuds pointus ; à travers cette enveloppe sombre, une chair rougeâtre, qui change et tire sur le vert, quand l’animal est gros ; cinq rangs de bosses racornies sur le dos, le ventre et les flancs ; près de la tête et sous le collet, une protubérance charnue, au moyen de laquelle il s’attache aux pierres si fortement, qu’on ne peut qu’avec peine l’en arracher : tel est à peu près ce pois-