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mois suivans ; et c’est alors que les Groënlandais en font leur provision ; car, dans l’espace de quelques heures, ils en chargent des bateaux entiers par le moyen de cribles ronds, tissus de fils de boyau ; ensuite ils les sèchent sur le roc en plein air, puis les emballent dans de grands sacs de cuir ou de vieille toile ; et c’est là leur ressource de tous les jours pour l’hiver.

On pêche de gros harengs au midi du Groënland ; mais ce sont probablement des coureurs d’une espèce étrangère, qui se sont détachés de la grande armée de harengs qu’enfante la mer glaciale sous le pôle. Comme ces poissons innombrables vont par divisions et par colonnes, les uns à gauche sur toutes les côtes du nord de l’Europe, les autres à droite, entre l’Islande et le Groënland, sur les côtes de l’Amérique, il n’est pas possible qu’il ne se disperse quelques-uns de ces derniers dans les golfes et baies qui sont autour du cap des États, et ce sont là les gros harengs que les Groënlandais prennent quelquefois.

Après l’angmarset, le Groënlandais préfère le kaniok (cottus scorpius). C’est un poisson d’un pied de long, rempli d’arêtes ; il a la peau lisse et tachetée de gris, de jaune, de rouge et de noir, comme celle du lézard ; la tête grosse, ronde et large ; la bouche grande, et les nageoires larges et piquantes. Il vit toute l’année dans les baies, mais en pleine eau, quoique pris de la terre. On le pêche en hiver, et ce