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ou comme emprisonné dans le réservoir. Les Européens prennent le saumon avec des filets dans les étangs ; mais ils ont toujours besoin des Groënlandais qui vont avec leurs canots soulever et débarrasser les filets d’entre les rochers et les pierres.

Sans doute il doit y avoir une étonnante variété de poissons, puisque, sans parler du nombre prodigieux que le nordcaper et les phoques en consomment, il en est beaucoup plus encore que l’approche de ces ennemis dévorans, dérobe à notre vue et tient cachés au fond de la mer dans le creux des rochers. Quoique les côtes du Groënland soient extrêmement poissonneuses, cependant, soit que la mer y ait peu de bancs de sable et de bas-fonds, soit qu’elle y manque de certains végétaux propres à bien des espèces de poissons, il s’en trouve de beaucoup moins de sortes que dans les côtes de la Norwége.

Le poisson le plus abondant et le plus commun que la mer fournisse aux Groënlandais, est l’angmarset ou lodde (salmo arcticus), d’un demi-pied de long. Il a le dos d’un vert foncé, et le ventre d’un blanc argenté, beaucoup de petites arêtes, et presque point d’écailles. Il en vient une si grande quantité frayer dans les baies sur les rochers, que la mer en est toute noirâtre et perlée d’une infinité de germes. C’est aux mois de mars et d’avril qu’ils paraissent annoncés et trahis par la mouette, qui s’en nourrit elle-même. Ils fraient les deux