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qui ne fait pas cependant un aussi grand commerce en ce genre que les Hollandais, quoiqu’elle soit voisine des mers où ce poisson abonde, charge tous les ans, dans le seul port de Bergen, six cents tonneaux de morue salée et de morue sèche, sans compter plusieurs vaisseaux de poissons plus petits. Pontoppidan, évêque de Bergen, dit que, dans l’espace de deux lieues de côtes, on voit deux ou trois cents bateaux aller ensemble à la pêche du hareng, et, dans une seule prise, en rapporter dix mille tonnes.

Cependant croirait-on que ce n’est rien en comparaison de la quantité que les nordcapers et les grands poissons en dévorent ? Heureusement la nature fournit à cette vaste consommation en réparant au delà les pertes qu’elle fait. Elle a même pourvu, dit-on, si abondamment à la reproduction de ces espèces comestibles, qu’on a trouvé dix mille œufs dans le corps d’un seul hareng. On assure que plusieurs des petits poissons se retirent au milieu des rochers, où les pierres et les herbes préservent leurs germes ; c’est là qu’ils restent à l’abri de tous dangers, jusqu’à ce que les doux rayons du soleil et la molle écume des vagues fassent éclore les œufs dans la saison des zéphyrs. Rassemblés ainsi dans les baies dès leur naissance, les poissons semblent s’offrir d’eux-mêmes aux besoins de l’homme, et se méfier si peu de ses filets, qu’à peine a-t-on fait une pêche copieuse, il en vient aussitôt une plus abondante à faire ;