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landais ne mangeraient guère de ces oiseaux, ni de leurs œufs ; car ils ne sont pas aussi adroits que les Norwégiens pour se glisser par une corde dans les précipices et les cavernes où nichent ces volatiles. Plusieurs oiseaux de mer se contentent de faire leurs nids dans des îles ou sur des rochers à l’abri des renards ; d’autres pondent quelquefois leurs œufs sur la terre. Les habitans du pays disent qu’autrefois ils remplissaient en très-peu de temps un bateau d’œufs d’eider, dans les îles qui sont autour de Bals-Fiord, et qu’ils n’y pouvaient faire un pas sans casser des œufs sous leurs pieds ; mais cette quantité commence à diminuer, quoiqu’elle soit encore étonnante. La plupart des œufs d’oiseaux marins sont verts, quelques-uns jaunes ou gris, tachetés de points noirs ou bruns. Tous ces œufs sont plus gros, à proportion de l’animal qui les pond, que le sont ceux des oiseaux terrestres. La coque en est très-dure, ainsi que la pellicule ou l’enveloppe de dessous ; ils ont le jaune rougeâtre. Celui des œufs de la mouette est tout-à-fait rouge, avec un blanc plus considérable que dans les autres œufs qui ne sont pas non plus aussi gros ; le jaune le plus rouge est bien le plus gros, mais c’est aussi le plus désagréable au goût.

L’histoire naturelle du Groënland est plutôt une portion de l’histoire de la mer que de celle de la terre. Les baies, les lacs, les îles et les marécages dont ce pays septentrional est formé, couvert, environné, n’en font, pour ainsi