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gens et les éloigner par ce bruit affreux.

Il y a quelques autres sortes d’oiseaux, dans le nord et le sud du Groënland, que nous n’avons pas, comme il y en a dans nos climats des espèces qu’on ne trouve point ailleurs. Les Groënlandais qui vivent dans ces cantons reculés du nord, où les Européens n’ont point de colonies, disent qu’il leur vient tous les étés, du côté de l’Amérique, une sorte d’oiseaux très-approchans du pigeon. Ils arrivent par volées innombrables ; ils sont si familiers, qu’ils entrent dans les tentes ; ce qui jette les Groënlandais dans la consternation ; car ils s’imaginent, toutes les fois qu’un oiseau vient dans une cabane, qu’il y apporte un présage infaillible de mort pour quelqu’un de ceux qui l’habitent. Ces peuples parlent encore d’une sorte d’oiseaux du nord qui se battent en l’air avec tant d’acharnement, qu’il en tombe une foule de morts dans les bateaux des pêcheurs.

De quelle manière la nature pourvoit-elle à la subsistance de ces différentes classes d’oiseaux aquatiques ? Sans doute c’est la mer qui les sustente tous ; s’ils n’étaient pas obligés d’y chercher leur nourriture, on ne les verrait point vivre sur un élément où ils ne sont pas nés.

C’est vraisemblablement à la rigueur des frimas que la plupart des oiseaux engendrés dans les terres du nord doivent la nécessité où ils sont de vivre sur la mer. Mais tous ne s’alimentent pas des mêmes substances : les