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tre blanc. Cette espèce se tient en troupes bien avant sur la mer, et n’approche des terres que dans les grands froids. Mais alors il en vient un si grand nombre, que les eaux qui coupent les îles d’alentour semblent couvertes d’un brouillard épais et noir. Les Groënlandais les tuent avec leurs javelots ou les poussent sur la côte, de façon à les prendre avec la main, parce que ces oiseaux ne peuvent ni courir ni voler. On s’en nourrit durant les mois de février et de mars, du moins à l’embouchure de Bals-Fiord ; car ils ne se trouvent pas indifféremment partout. Leur chair est la plus tendre et la plus nourrissante qu’il y ait parmi les oiseaux de mer, et leur plume est très-bonne pour garnir des vestes d’hiver.

Les Groënlandais appellent oiseau des courans l’alca alle, parce qu’il cherche sa proie où le courant est le plus fort. Il ressemble d’ailleurs à l’akpa, si ce n’est qu’il a moins de volume et le bec coloré d’un beau vermillon, de même que les pieds, qui cependant deviennent gris en hiver comme le reste du corps.

Un oiseau très-approchant de ces deux-là, mais plus petit encore, c’est le perroquet de mer (alca arctica). Il a le bec et la serre larges d’un pouce, si crochus et si tranchans, qu’il peut venir à bout du corbeau, son ennemi capital, et l’entrainer avec lui sous l’eau. Les Groënlandais connaissent un autre perroquet de mer qu’ils appellent kallingak