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Parmi les canards, il n’en est point de plus beau ni de plus utile à l’homme que le mittek ou l’eider, que nous avons déjà décrit. Sa chair supplée aux meilleures viandes : singularité d’autant plus remarquable, que la plupart des oiseaux de mer ont un goût désagréable d’huile et de poisson : son duvet sert à garnir les habits des Groënlandais, et même des Européens : enfin ses œufs se mangent en très-grande quantité aux mois de juin et de juillet. Le duvet de leurs nids est mêlé d’ordure et de saletés : on le purge dans un crible fait comme une harpe, dont on frappe les cordes avec une baguette, de façon que ce qu’il y a de sale et de pesant touche et passe à travers le crible, et qu’il ne reste au-dessus que la plume fine et légère.

Une autre espèce d’eider est le kingalik, canard à tête grise, remarquable par une protubérance à dents de peigne qui lui croît sur le bec entre les narines, et qui est d’un jaune orangé. La femelle est brune et le mâle tout noir, excepté les ailes, qui sont blanches, et le dos marqueté de blanc. Ces deux sortes d’oiseaux sont plus grands que le canard ordinaire. Il en paraît très-peu dans l’été, qui est la saison de leurs amours. Mais en hiver on les voit par troupes, dès le matin, voler des baies vers les îles, où ils vont chercher leur nourriture, c’est-à-dire, des coquillages ; et le soir ils reviennent à leurs paisibles demeures pour y passer la nuit. Leur vol suit ordinairement les détours des eaux qui séparent et baignent les îles, et