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l’emporte en son aire. Quelquefois même il enlève avec ses serres un jeune phoque qui se joue sur la surface d’une mer tranquille. L’aigle partage son empire avec des faucons gris ou tachetés comme certaines poules blanches, et avec le harfang, espèce de grande chouette blanche. Ces oiseaux de rapine ne sont pas en grand nombre, sans doute faute de proie, et vivent retirés dans les montagnes. Mais, d'un autre côté, les Groënlandais sont infestés par des nuées de corbeaux considérablement plus grands que les nôtres, et qui leur volent tout, jusqu’au cuir de leurs canots, qu’ils déchirent et dévorent quand ils ne trouvent pas autre chose à manger. Pour l’ordinaire, ils vivent d’insectes de mer ou de coquillages qu’ils emportent et laissent tomber sur les rochers pour les casser : mais s’ils ont grand faim, ils les avalent tout entiers. Ces corbeaux sont difficiles à tuer à la volée ; c’est pourquoi les Groënlandais les prennent dans des piéges ; car ils ont besoin de leurs plumes au défaut de baleine pour pêcher à la ligne. Lorsqu’on les voit voler avec une espèce d’inquiétude, et faire grand bruit dans l’air, c’est un présage de vent de sud et de tempête.

Autant la terre manque d’oiseaux au Groënland, autant la mer en abonde. Les oiseaux qui vivent sur cet élément ont généralement les jambes placées et retirées en arrière ; ce qui les rend pesans pour marcher, mais très-propres à nager : car les rames doivent être au bout et non