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ni privés de la membrane qui désigne les oiseaux aquatiques, on peut imaginer que c’est pour lui donner la facilité de nager, en cas qu’il ait à traverser des lacs ou des bras de mer trop larges pour la portée de son vol. Cette espèce appartient donc, pour ainsi dire, à trois élémens, puisqu’elle marche, vole et nage tour à tour. C’est le moyen, ce semble, d’en être plus libre, si elle ne trouvait partout des ennemis. Mais cet oiseau porte l’amour de la liberté, qui paraît si vif et si naturel chez les habitans de l’air, jusqu’à mourir de douleur deux heures après qu’il est devenu captif.

Le Groënland a des bécassines qui vivent des coquillages que la mer jette sur ses bords. Elles sont bonnes à manger, mais très-petites. Ce pays est encore visité, dans la belle saison, par quelques chantres des bois, quand il y a de la verdure pour les attirer et les retenir. Parmi ces jolis oiseaux, une espèce ressemble au moineau, plus grande cependant et plus belle, avec un chant très-agréable. Un autre oiseau qui chante encore mieux approche de la linotte, quoiqu’il soit plus petit : on le distingue à la tête, qui est en partie d’un rouge couleur de sang vif et vermeil. On peut l’apprivoiser et le nourrir de gruau durant l’hiver, mais la chaleur des chambres l’étouffe et le suffoque. Il en vient quelquefois des volées entières à bord des vaisseaux, comme un nuage pousse par les vents de tempête, à quatre-