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les perd dans le printemps et l’automne pour en prendre de nouvelles : il ne lui reste de gris que le bec et le bout de la queue. En été, cet oiseau vole sur les montagnes, où il trouve des camarignes dont il mange les baies et les feuilles. Le bouleau nain et divers lichens à tige servent aussi à sa nourriture : il ne s’éloigne pas de la neige, car il aime le froid ; mais lorsqu’elle est trop abondante en hiver, il se rapproche des bords de la mer, où les grands vents, balayant les rochers, lui découvrent un peu de terre qui peut lui fournir de la nourriture. Les hommes, toujours prêts à tourner à leur profit l’industrie de tous les autres êtres, le prennent et le mangent alors qu’il est le plus gras et d’un goût exquis.

On raconte des merveilles de sa prévoyance ; entre autres, qu’il ramasse des provisions pour l’hiver, dans son nid, perché sur les plus hautes cimes des rochers. Quelques-uns disent qu’à l’approche des grands froids il remplit et gonfle son jabot de nourriture, et va s’enfoncer sous un lit de neige, où il vit et végète, peut-être dans un long sommeil, de la substance dont il s’est pourvu. Mais si les perdrix du nord pouvaient se sustenter à si peu de frais, on ne les verrait pas tout l’hiver voler en troupes, et chercher leur subsistance sur les montagnes. Elles ont si peu de cet esprit qui veille sur la conservation des individus de toute espèce, qu’au lieu de se percher sur les branches ou sur les pierres qui couvrent des