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son de Neu-Hernnhut, mais seulement pour quatre mois d’été. Pendant huit grands mois d’hiver, ils seraient obligés de tirer du fourrage de quelques cantons autrefois habités par les Groënlandais, et maintenant abandonnés : il faudrait le faire venir par eau, et ce serait avec tant de peine, qu’ils se sont réduits à ne garder que dix bêtes à laine pour perpétuer la race.

On tenait autrefois des vaches à la colonie de Godhaab ; on s’en est défait, parce qu’elles coûtaient trop de dépenses et de soins. Il serait moins dispendieux d’y élever des chèvres et des cochons ; mais ces animaux font tant de dégât aux Groënlandais, soit en pillant leurs provisions quand ils les exposent à l’air, soit en rongeant les peaux dont ils couvrent leurs maisons, qu’on a été obligé de renoncer à la ressource dont ces espèces de comestibles pouvaient être pour la subsistance des hommes.

Peut-il y avoir beaucoup d’oiseaux dans un pays sans végétaux ? C’est la terre qui partout doit nourrir ses habitans ; elle n’est peuplée qu’à proportion de sa fécondité. Le Groënland n’aura donc que peu de volatiles. L’oiseau qu’on y trouve le plus commun est celui qu’on appelle la perdrix du nord, ou le lagopode, qui ne fréquente guère en effet que ce climat froid et les glaces des Alpes. Nous l’avons déjà décrit. Il est blanc en hiver, et gris en été ; non que la couleur de ses plumes change, comme on l’a débité, mais c’est qu’il