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lant équipage se faire des visites, ou traîner chez eux leur pêche sur la glace. La plupart des maîtres mangent leurs chiens pour peu que la faim les y pousse ; mais tous en prennent la peau pour couverture de lit, ou pour en border leurs habits.

Il n’y a point de troupeaux à laine au Groënland. En 1559, un missionnaire y transporta du Danemarck trois brebis avec un bélier ; ces animaux ont réussi à donner deux ou trois petits chaque année. De Neu-Hernnhut, où cette race avait été transplantée, on en a envoyé quelques agneaux à Lichtenfels pour y provigner. Ce sont deux maisons de la mission des frères Moraves. Ils ont mangé tous les ans de ces animaux, et chaque hiver il leur en reste dix. Il faut que l’herbe soit aussi nourrissante en ces cantons qu’elle y est rare et courte, puisque trois agneaux venus d’une seule portée en hiver, y sont plus gros dans l’automne suivant qu’un mouton d’un an ne l’est en Allemagne, et puisqu’on a tiré d’un seul bélier jusqu’à vingt livres de suif et soixante-dix livres de viande. La chair de ces animaux a peu de maigre ; mais la graisse en est si bonne et si délicate, qu’on la mange avec plaisir et sans en être incommodé. Les nouveaux missionnaires ont vécu fort bien de leur petit troupeau, surtout depuis que les rennes sont devenus rares. Ils auraient de quoi faire pâturer jusqu’à deux cents moutons sur la petite plaine qui est autour de leur mai-