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déterre les cadavres. En hiver, il se claquemure dans les crevasses des rochers, ou s’ensevelit dans la neige jusqu’à ce que le soleil l’attire hors de sa tanière. C’est alors qu’alléché par l’odeur du phoque, il en va piller la chair jusque dans les cabanes des Groënlandais. Mais ceux-ci criant aussitôt après l’ours ravisseur, lui donnent la chasse avec leurs chiens, l’environnent armés de lances, le terrassent et le tuent, non sans risque de leur propre vie.

Ces peuples disent aussi qu’ils ont vu des ours noirs, dont la peur exagère la taille jusqu’à leur donner six brasses de hauteur. Ils parlent encore d’une espèce de tigre blanc tacheté de noir, aussi grand qu’un veau, disent-ils ; mais aucun Européen n’en a jamais vu dans leur pays. Peut-être sont-ce quelques-uns de ces ours tigrés qui communiquent du Groënland à l’Islande par les glaces.

Les Groënlandais n’ont d’autres animaux apprivoisés qu’une espèce de chien de moyenne taille, qui ressemble extrêmement au loup. La plupart sont blancs, quoiqu’il y en ait d’un poil noir très-épais. Si l’ours et le renard aboient dans le Groënland, en revanche le chien y hurle et grogne. Cette espèce, stupide en ce pays-là, ne sert de rien à la chasse, pas même pour pousser les ours dans le leurre ou le piége. Mais aussi l’homme l’emploie, au défaut de chevaux, à tirer des traîneaux. Les Groënlandais attellent à ces sortes de voitures depuis quatre chiens jusqu’à dix, et vont dans ce bril-