Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 20.djvu/197

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

profit à prendre des renards ; car, outre la peau qu’ils vendent fort cher, surtout celle des bleus, ils mangent la chair préférablement à celle des lièvres.

Tous ces animaux ne sont qu’utiles à l’homme : mais il y en a partout qui lui disputent, sinon l’empire de la terre, au moins le droit exclusif d’y faire du ravage, destructeurs et voraces comme lui. Dans le Groënland, ce sont les ours qui sont féroces et méchans. Ils ont la tête étroite et oblongue comme le chien, et l’on dit qu’ils aboient tout aussi bien que lui. Leur poil est blanc, long et doux comme de la laine ; ils sont plus gros que les ours noirs ; on en voit souvent de six à neuf pieds de long ; leur chair est blanche et grasse, d’un goût de mouton, et fort au gré des Groënlandais. La graisse d’ours est très-bonne pour apprêter le poisson ; celle des pates est employée dans la médecine. Cet animal court sur la glace après les phoques et les baleines mortes ; il attaque les plus grands phoques, mais ces monstres se défendent vigoureusement, et viennent à bout de l’ours. Celui-ci, loin de craindre l’homme, et non content de se tenir en défense, ose affronter entre les glaces qu’il traverse à la nage un bateau de pêcheurs, et souvent plus d’un Groënlandais perd la vie dans ce combat. Quand l’ours est poursuivi sur les eaux, il plonge et nage sous la glace. Lorsqu’il est à terre, il vit d’oiseaux, en mange les œufs ; et si la faim le presse, il dévore les hommes et