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bleus, et quelques-uns blancs ; ils changent rarement de couleur, et quand l’espèce bleue commence à muer, elle devient pâle et n’est plus bonne à rien. Ils vivent d’oiseaux ou de leurs œufs ; et lorsqu’ils n’en peuvent pas attraper, ils se contentent de moules, de crabes, ou de ce qu’ils pêchent. Ce sont les renards qui ont appris aux femmes groënlandaises à barboter dans la mer avec leurs pieds, afin d’exciter la curiosité des poissons. Ceux-ci montent à fleur d’eau pour voir s’il y a quelque chose à prendre, et sont pris eux-mêmes dans l’instant par les femmes ou les renards. Ces animaux ont leurs tanières dans les fentes des rochers ; mais les Groënlandais connaissent plusieurs manières de les y attraper : ils font une petit loge de pierre, dans laquelle ils suspendent un morceau de viande au bout d’une perche : quand le renard prend la viande, le bâton tire une corde qui fait tomber une pierre devant l’entrée de la loge, et la trappe est bouchée. Ils ont aussi des lacets de baleine qu’ils cachent autour d’un trou creusé dans la neige et rempli de mets friands pour le renard ; quand il vient manger, le Groënlandais, caché dans une hutte de neige, serre le lacet, et l’animal est étranglé. Moins rusé peut-être qu’en Europe, ou sans doute plus affamé, le renard donne encore dans d’autres piéges, et tombe souvent dans des fosses profondes qu’on a faites exprès et couvertes de neige, où l’on a mis quelque appât. Les Groënlandais trouvent un double