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extrémités du froid et du chaud, gras et fourrés en hiver, légers et secs durant l’été. Dans cette saison, ils broutent l’herbe tendre des vallons ; et dans l’autre, ils creusent sous la neige et cherchent les lichens sur les rochers.

Il y avait jadis beaucoup de rennes à Bals-Fiord : mais les Groënlandais les ont réduites par une chasse qui était une sorte de battue. Les femmes et les enfans gardaient une certaine enceinte de terrain, et dans les intervalles qu’ils ne pouvaient occuper ils dressaient des troncs d’arbres couverts de tourbe, et assez approchans de la figure humaine pour imposer à des animaux peureux ; puis ils poussaient les rennes dans des défilés et des passages étroits, où les hommes les attendaient et les tuaient à coups de flèches : ou bien les femmes les relançaient vers les bords de quelque baie, d’où ces bêtes, voulant se sauver dans l’eau, mouraient sous les dards ou les harpons des chasseurs apostés. Mais depuis que ces peuples ont des balles et de la poudre pour chasser les rennes au fusil, ils en ont beaucoup éclairci l’espèce ; car ils préfèrent cette chasse à toute autre, et passeront volontiers les premiers mois de l’été à se procurer deux ou trois peaux de rennes, pour avoir en hiver une fourrure distinguée.

Les renards ne sont pas aussi nombreux, ni tout-à-fait de la même forme au Groënland que dans les pays plus méridionaux. Assez semblables aux chiens par les pieds et la tête, ils jappent comme eux. La plupart sont gris ou