Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 20.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prises avec l’ours qui l’attaque souvent, ou lui dispute les rennes : car ce sont à peu près les animaux qu’on trouve le plus fréquemment dans les pays glacés.

Cependant on voit aussi une grande quantité de lièvres dans le Groënland ; ils y sont toujours blancs, et non pas seulement en hiver comme dans la Norwége, où l’on observe qu’ils sont gris en été. Cette espèce féconde, qui multiplie beaucoup dans tous les pays, est en général grosse et même assez grasse au Groënland, quoiqu’elle n’y vive que d’herbe et d’un lichen blanc qui peut avoir quelque influence sur la couleur des animaux qui s’en nourrissent ; mais elle ne leur donne pas sans doute un goût bien exquis, car les Groënlandais ne font aucun cas du lièvre.

Le renne habite les contrées boréales de l’un et l’autre hémisphère. Cet animal est sauvage au Groënland : timide et fuyard, il sent le chasseur avant d’en être aperçu, surtout quand le vent souffle et vient de l’homme à lui. Les plus forts rennes sont de la grosseur d’une génisse de deux ans. Tandis qu’ils ont le bois encore tendre, leur poil est comme une laine douce qui tombe bientôt. Ce poil renaît d’abord très-court ; l’animal maigrit alors, sa peau devient mince et ne vaut pas grand’ chose. En automne, il rengraisse et sa peau s’épaissit. C’est par cette alternative, dit Anderson dans son Histoire naturelle du Groënland, que tous les animaux du nord supportent mieux les