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plantes s’entrelacent par le mouvement des vagues comme la corde d’un câble, souvent de la grosseur du bras d’un homme, à la longueur de plusieurs brasses. Les plus grosses ont une tige creuse de deux ou trois brasses de long ; tout-à-fait minces à la racine, leur tige croît jusqu’à deux ou trois pouces d’épaisseur. La feuille est également longue de deux ou trois brasses, sur un pied et demi de largeur. Une autre espèce de ces longues plantes a une tige plate qui sépare la feuille au milieu. Quand on sèche à l’ombre ces deux sortes de plantes, il se cristallise sur la première un sel très-fin en longs filets, et sur la seconde une espèce de sucre. C’est vraisemblablement le fucus saccarin que les Islandais mangent avec du beurre. Les brebis la broutent en hiver, et les Groënlandais, non plus que les Européens, ne dédaignent pas de s’en nourrir quand ils manquent de vivres. La mer fournit encore une espèce de feuille rouge et verte, fort tendre et rafraîchissante, qu’on y mange en salade pour se guérir ou se préserver du scorbut.

Tels sont à peu près les végétaux que l’homme a pu découvrir au fond d’une mer couverte de glaces. C’est surtout dans l’histoire d’un pays aride et désert comme le Groënland qu’il est permis de ne rien laisser échapper de ce que la nature y dérobe aux outrages de l’hiver ; et quand on n’a point de choix à faire, il faut tout recueillir.