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servent moins à la nourrir qu’à l’ancrer à la terre. Ces racines s’attachent aux rochers et s’entortillent autour des pierres et des moules, par tant de nœuds et de replis, que les tempêtes qui brisent les vaisseaux ne peuvent souvent arracher de sa place une poignée de gazon. Il y a des plantes marines qui croissent auprès des côtes. « J’en ai compté, dit Crantz, plus de vingt sortes, depuis la longueur d’un demi-pouce jusqu’à un pied. » Plus on avance dans la mer et plus elle a de profondeur, plus les plantes qu’on y trouve sont longues et larges. Les unes et les autres, celles qui sont loin ou près de la terre sont couvertes d’une multitude d’animalcules ou d’insectes presque invisibles, mais avec la différence qu’on ne reconnaît ces animaux, dans les plantes éloignées des terres, qu’à la trace de leurs dents, par les trous dont les feuilles sont criblées. Les plus petites, qui viennent au bord des côtes, ont une espèce de pellicule qui ressemble à la cosse des pois ou des fèves, et qui est remplie de petits grains noirs : mais comme l’observateur déjà cité n’a jamais vu de grains prendre une consistance qui annonce la maturité, il conclut qu’ils ne contribuent pas à la propagation de la plante, et qu’elle tire son germe reproductif d’une espèce de glaire qui l’enveloppe.

Quelques-unes de ces plantes ressemblent aux feuilles de chêne ; mais les gazons de mer qui croissent loin du bord ont à peu près la forme de l’algue qui couvre les étangs. Ces