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leurs bottes pour se garantir les pieds des incommodités de la glace et de l’humidité.

La verdure la plus commune dans le Groënland est la mousse. « Un jour que j’étais assis sur un rocher, dit Crantz, j’en comptai plus de vingt espèces autour de moi sans sortir de ma place. Il y en a d’épaisse, qui est douce comme une fourrure. On s’en sert pour boucher les fentes des cabanes. »

Une espèce de mousse dont les fibres ont une palme de longueur, et sont serrées entre elles comme celles des champignons, tient lieu d’amadou et de mèches pour les lampes. Une autre sorte ressemble au lycopodium.

La mousse des rennes est abondante, et nourrit quelquefois les hommes dans les extrémités de la faim. Un autre lichen est encore d’une plus grande ressource ; car on le mange, dit-on, comme du pain, de même qu’en Islande. Ces deux sortes de végétaux sont d’abord désagréables à la bouche ; mais, quand on en a mâché et avalé, ils laissent un goût de seigle qui plaît. Le Groënland produit des champignons et des mousserons. On y voit des genévriers qui restent toujours fort bas, quoique la graine soit plus grosse et plus forte qu’en Europe.

Le Groënland produit trois espèces de saules ; mais toutes sont arrêtées par le froid à la surface de la terre, et ne s’élèvent guère au-dessus. Des myrtilles, des ronces, la camarigne, offrent leurs baies aux Groënlandais,