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peu de jours, sous un ciel où l’hiver laisse à peine deux mois de trêve à la terre.

En vain les Européens ont tenté d’y semer de l’avoine et de l’orge. La paille ou le tuyau croissent assez vite, mais rarement vont-ils jusqu’à l’épi, et jamais à la maturité, même dans le temps et les lieux les plus chauds du Groënland, parce que les nuits froides y reviennent trop tôt. C’est par la même raison que le pays ne peut avoir aucune production des jardins ; car à la mi-juin, où l’on plante, la terre est encore gelée par-dessous ; et dès le mois de septembre le froid y reprend et gèle la surface. Il faut donc tout arracher ou le laisser périr, excepté les porreaux, qui passent l’hiver sous la neige. La salade et les choux ne peuvent se transplanter, et restent toujours petits. Il n’y a que les raves qui croissent au Groënland aussi bien qu’ailleurs, et quelques navets qui ne sont pas plus gros que des œufs de pigeon, mais qui sont bons à manger, même verts. Du reste, rien ne vient et tout périt sur pied ; encore ce peu de légumes ou de plantes a-t-il besoin, pour réussir, d’être à l’abri des vents du nord et des branchages ou bois flottans que la mer charrie et jette sur ses bords.

Il croît dans les rochers une espèce de jonc dont les Groënlandais font des paniers ou des corbeilles, et une graminée parmi les graviers, autour des habitations. C’est de cette herbe que les Groënlandais mettent dans leurs souliers ou