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comme l’on sait, que le feu lui tenant lieu de lessive et de savon, blanchit le linge, loin de le consumer. Les anciens brûlaient leurs morts enveloppés dans des draps de ce lin incombustible. Les Tartares et les habitans des Pyrénées en tricotent des bourses. On peut en faire du papier. Il servirait très-bien de mèche pour les lampes, si l’on avait soin de le nettoyer et de le peigner. Mais les Groënlandais n’ont pas tant d’industrie, et se contentent de prendre des éclats de cette pierre d’amiante, qu’ils trempent dans l’huile de baleine pour servir d’allumettes à leurs lampes : tant que ces allumettes sont imbibées d’huile, elles brûlent sans se consumer.

Ces peuples, malgré la pauvreté où la nature a voulu qu’ils vécussent, ont pourtant des pierres fines qu’ils ignorent ou méprisent sans doute, tandis que notre luxe les leur envie. « J’ai vu dans leurs montagnes stériles, dit Crantz, du jaspe, soit jaune, soit rouge, avec des veines d’une blancheur transparente, et des grenats de couleur foncée. »

On y trouve aussi du quartz et du cristal en grandes pièces. Il y en a de jaune et noir, tirant sur la topaze. Il y en a qui change comme l’opale, et réfléchit tantôt du jaune et tantôt du bleu.

Quant aux minéraux et aux métaux, il en sort quelques traces des entrailles du Groënland ; mais quand bien même on pourrait pénétrer dans les cavernes qui renferment ces