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en quartiers sans qu’elle se réduise en grumeaux. D’ailleurs cette pierre est plus souple au ciseau, ou même au tour, que le bois. Elle est douce et grasse au toucher comme le suif ou le savon : lorsqu’elle est frottée d’huile, elle a le luisant et le poli du marbre. Elle ne devient point poreuse à l’air, et prend de la consistance au feu. Sans parler des meilleurs creusets qui se font de cette pierre, les Groënlandais en font des ustensiles et des lampes. Comme la cuisine faite dans cette espèce d’ustensiles est plus saine et de meilleur goût que dans nos batteries de fer ou de cuivre , on envoie de cette vaisselle en Danemarck, où elle est très-recherchée, même dans les meilleures maisons. Crantz ne doute pas qu’elle ne soit préférable à la vaisselle ou poterie de Chiavenna, sur le lac de Côme, dont on fait tant d’usage dans toute l’Italie.

Rien de plus commun dans les montagnes du Groënland que l’amiante : son grain est un tissu de filamens longs d’un travers de doigt, séparés à distances égales par une sorte de jointure. Quand on la rompt, elle présente à l’endroit de la jointure une surface dure et polie comme une pierre à aiguiser ; mais, si l’on vient à la broyer, elle se déploie en fils d’une grande blancheur. Lorsque l’amiante est battue, amollie et trempée dans l’eau chaude, on la fait sécher sur un crible, puis on la peigne comme de la laine ou du lin, et l’on en file une étoupe dont on peut faire du linge. Sa qualité singulière est,