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les eaux minent et fendent en gros quartiers. On trouve dans le creux des rochers des spaths de toutes couleurs, et quelquefois de très-brillans. Les Groënlandais vont chercher sur les côtes méridionales, comme une rareté, des blocs d’une pierre planche à demi transparente ; elle est aussi fragile que du spath, mais si tendre, qu’on pourrait la tailler avec un canif, ou la couper sans peine avec les dents : ils trouvent encore au midi de l’albâtre assez blanc, mais qui n’a ni l’éclat ni le poli du nôtre, et qui ressemble à la poudre de cheveux, quand on le coupe.

Le Groënland a plusieurs sortes de pierres à l’épreuve du feu, comme le glimmer ou mica blanc, noir ou gris ; mais on ne peut le tailler en carreaux assez grands pour tenir lieu de vitres au fenêtres, comme on fait en Russie.

On y trouve en plusieurs endroits, et surtout à Bals-Fiord, une pierre tendre dont on fait la vaisselle. Elle est contenue dans des lits étroits et profonds entre les rochers. Il y en a une espèce (c’est la meilleure) d’un beau vert de mer, rayée de rouge, de jaune, et d’autres couleurs ; mais ces raies ont rarement quelque transparence. Cette pierre se pulvérise quand on la met en œuvre. Mais quoique fort tendre, elle est compacte et très-pesante. Comme on ne la trouve point disposée en couches, et qu’elle ne peut s’enlever ni par écailles ni par feuilles, il est difficile de la tailler