Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 20.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fentes ou des crevasses profondes. Mais les glaces et les neiges ont établi leur séjour éternel dans les montagnes qui forment un large dos au milieu du Groënland. De tous ces sommets élevés il se détache de grands quartiers de roche, qui, se brisant dans leur chute, paraissent être au pied de la montagne les ruines d’une ville démolie. C’est là qu’on pourrait découvrir les matières qui ont servi à la formation de ces montagnes : mais il est extrêmement dangereux d’aller étudier la nature au milieu de ces débris, soit parce que l’on n’y arrive qu’à la sueur de son front, malgré le froid excessif, en sautant et roulant de pierre en pierre, au risque de se rompre le cou ; soit parce qu’un naturaliste peut y être à tout moment écrasé par la chute continuelle des quartiers que leur poids et leur pente entraînent des sommets dans les précipices ; aussi ces rochers, rongés par les siècles et les saisons, sont-ils les moins élevés. On voit à leurs fragmens, que la plupart contiennent des mines de toute espèce dans leur sein. Les rochers qui sont sur les côtes ou dans les îles de la mer ont bien plus de solidité : durs comme le marbre, et polis par l’agitation et l’écume des vagues qui les baignent, ils sont percés dans l’intérieur de cavernes profondes. Ces cavités ou fentes, plus communes que dans les montagnes des autres pays, n’ont guère plus d’un pied et demi de largeur, et sont creusées dans une direction perpendiculaire.