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de tourbe se trouve sur les sommets les plus élevés des petites îles désertes et de rochers presque nus, où des nuées d’oiseaux vont se jucher la nuit, et déposer leurs œufs durant le jour. Le peu de terre qu’il y avait sur ces hauteurs, étant mêlé avec le fumier de ces oiseaux, a dû produire de la mousse et du gazon dans son temps ; ces végétaux, nourris de nouvelles couches de fumier, de plumes, de coquilles d’œufs, d'ossemens, et d’autres débris qu’on déterre jusqu’à une certaine profondeur, ont formé à la longue un bon lit de tourbe de deux pieds d’épaisseur, qui couvre la cime des rochers. Cette tourbe est dure à couper, à cause des racines de végétaux dont elle est hérissées mais elle fait un très-bon feu et une belle flamme.

Après la terre viennent les rochers. On ne peut guère dire ce qu’ils contiennent, parce que les montagnes du Groënland ne sont pas assez accessibles pour qu’on y fouille. Mais, au défaut d’autres recherches, il est permis de juger des matières que renferment ces rochers par celles de leur surface, et par les fragmens ou les débris qui s’en détachent. Si les montagnes voisines du pôle sont moins hautes que celles des environs de l’équateur, elles ont aussi moins de neige et de glace, surtout les plus méridionales du Groënland. Celles-ci ne présentent qu’une roche dure d’un gris clair, sans lits ni veines bien distinctement tracés ; on n’y trouve habituellement de la neige que dans des