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pléer à cette absence, qu’un faible crépuscule qui naît de la réflexion des rayons que cet astre laisse tomber sur les hautes montagnes et sur les brouillards épais dont le froid compose l’atmosphère de la zone glaciale. Malgré cette absence du soleil, les nuits ne sont jamais aussi noires sous le pôle que dans les autres pays ; car la lune et les étoiles semblent y redoubler de lumière et de scintillation, et leurs rayons, répercutés par la neige et la glace dont la terre est couverte, jettent une lueur assez vive au milieu de ces nuits froides pour qu’on puisse marcher sans lanternes, et même lire facilement les caractères moyens d’imprimerie. Durant la disparition du soleil, la lune brille presque toujours sur ces climats ténébreux ; aussi ne l’y voit-on guère durant l’été, non plus que les étoiles, depuis mai jusqu’au mois d’août. Mais indépendamment de l’astre des nuits, on a pour s’éclairer une lumière continuelle qui brille dans le nord, et dont les nuances et les jeux variés font un des phénomènes les plus curieux de la nature.

« Sans entrer dans des recherches profondes sur la cause de cette lumière boréale, j’observerai, dit Crantz, que ni moi, ni personne de ceux qui ont vécu long-temps dans les pays les plus septentrionaux, nous n’avons jamais vu de véritable aurore boréale dans le nord ou le nord-est ; car ce n’en est point une que cette lumière bleue que l’atmosphère éclairée du soleil réfléchit sur l’horizon ; mais l’aurore bo-