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gnant les orages et les pestes de la zone torride aux pays qu’elle a soumis à l’inclémence des hivers.

L’été n’a point de nuit pour les Groënlandais ; car au-dessus du 66e. degré, le soleil ne se couche point quand il a atteint le signe du cancer. Sous le 64e. degré il ne disparaît qu’à dix heures dix minutes du soir, pour reparaître cinquante minutes après. Ce n’est pas qu’il ne reste environ trois heures quarante minutes sous l’horizon ; mais comme on voit dans le mois de juin ses rayons toujours dardés ou réfléchis sur la cime des montagnes, on peut dire qu’il n’est pas tout-à-fait absent, d’autant plus que durant ce mois et le suivant il éclaire l’horizon par un crépuscule à la lueur duquel on lit et l’on écrit sans chandelle en très-petits caractères, les habitans de cet horizon profitent de ces longs jours pour chasser et pêcher toute la nuit ; et les navigateurs pour passer sans danger à travers les glaces des mers voisines. Quoique le soleil ne se couche point au fort de l’été, cependant sa lumière n’est pas aussi vive le soir qu’à midi ; mais son éclat baisse insensiblement avec son disque et devient faible comme un clair de lune, au point qu’on peut fixer ses rayons sans en être ébloui.

Par la même raison que le Groënland a des jours sans nuit, il doit avoir des nuits totales et sans mélange de jour. La baie de Disko ne voit point la face du soleil depuis le 30 novembre jusqu’au 12 janvier. On n’a, pour sup-