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qu’à qu’à l’embouchure des poêles, sans qu’elles puissent fondre au feu qu’on y fait tout le jour. Le tuyau de la cheminée est couvert d’une voûte de glace, percée de petits trous que la fumée a creusés en s’évaporant. Les portes et les murailles sont plâtrées de neige ou incrustées de glace ; et ce qu’on aura peine à croire, tout gèle dans l’intérieur des maisons, le linge dans les tiroirs, le bois du lit, le duvet même des oreillers et des lits se gèle d’un pouce d’épaisseur. Il faut casser la viande quand on la tire des barils pour la manger, et même, après qu’on l’a mise sur le feu dans de l’eau de neige, la surface doit bouillir assez long-temps avant que la pointe du couteau puisse pénétrer au-dedans de la pièce de viande. » Tels sont les effets du froid à la baie de Disko : mais en général cette extrême rigueur fait bientôt place au dégel, et le temps passe de l’un à l’autre en quatre ou cinq jours.

Le plus grand froid commence, dans le Groënland comme partout ailleurs, à la nouvelle année, et devient si perçant aux mois de février et de mars, que les pierres se fendent en deux, et que la mer fume comme un four, surtout dans les baies. Cependant le froid n’est pas aussi sensible au milieu de ce brouillard épais que sous un ciel sans nuage ; car, dès qu’on passe des terres à cette atmosphère de fumée qui couvre la surface et les bords des eaux, on sent un air plus doux et le froid moins vif, quoique les habits et les cheveux y soient bien-