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plus chauds, et la plupart des sources, qui d’ailleurs offrent une eau claire et même très-saine, sortent d’un terrain imbibé d’une neige fondue qui se filtre dans ses veines. On trouve çà et là, dans les vallons, de beaux étangs formés et entretenus par les glaces et les neiges qui distillent des montagnes. Il ne peut y avoir de grandes rivières en ce pays de frimas ; car il est traversé de petits vallons serrés entre des montagnes escarpées, dont le sommet très-élevé se couvre de glaces qui, ne fondant point, fournissent peu de torrens. Les sources qui donnent de l’eau dans l’été sont bientôt arrêtées par le froid des hivers : ainsi les hommes et les animaux de Groënland mourraient de soif, si la Providence n’y envoyait pas en hiver des pluies fréquentes et des fontes de neige qui remplissent les étangs.

Quoiqu’un pays où la neige et la glace ont des retraites éternelles ne puisse qu’éprouver un froid excessif, cependant il y est supportable, même au cœur de l’hiver, dans les endroits où les habitans jouissent des rayons du soleil pendant une heure ou deux, malgré la rigueur de la gelée qui glace les liqueurs les plus fortes jusque dans les chambres chaudes. Mais dans le climat où cet astre bienfaisant ne s’élève point sur l’horizon, les gens qui prennent du thé voient geler leur tasse sur la table où ils la posent. « La glace et la gelée, dit Paul Égède, dans son journal du 7 janvier 1738, tapissent l’intérieur de la cheminée jus-