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raient guère que des arbrisseaux ou des buissons, comme le Groënland ; ainsi ces grands arbres flottans ne pourront venir que de la Sibérie, où les bois sont arrachés des montagnes par les grosses pluies et les débordemens, qui enlèvent des pièces de terre toutes couvertes d’arbres, les roulent dans les grandes rivières, et de là dans la mer. Ensuite les glaces flottantes les entraînent avec le courant vers le pôle jusqu’au voisinage du Spitzberg, ou les courans du nord les repoussent entre l’Islande et le Groënland au sud-est, et, par le cap des États, les jettent dans le détroit de Davis. Mais comme c’est vers le 65e. degré que le courant commence à changer, les bois flottans cessent d’aller au nord, et se détournent à l’ouest de l’Amérique ; aussi n’en trouve-t-on point à la baie de Disko ni au-dessus. Cependant il vient des sapins au Kamtchatka, qui n’en produit point ; et les habitans disent que ce sont les vents d’est qui les leur amènent, sans doute de la contrée de l’Amérique opposée au Kamtchatka. Dans ce cas, on pourrait supposer que ces sapins, poussés de l’Amérique par les grands courans, qui vont de l’est à l’ouest, suivant la direction naturelle de l’Océan, font le tour du Kamtchatka, et passent devant la Léna, grand fleuve de la Sibérie, qui les pousse au nord vers le Spitzberg et la côte orientale du Groënland.

Après les glaces et les bois flottans sur la mer de Groënland, il n’y a rien de plus digne de l’attention des observateurs que le cours des