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manqueraient de matériaux pour construire leurs maisons, leurs tentes et leurs bateaux, et surtout pour emmancher ces flèches ou ces harpons qui leur procurent la subsistance, les vêtemens, le chauffage et la lumière, par la pêche et la chasse. Parmi ces provisions de bois que leur apportent les courans, on voit de grands arbres déracinés, qui, roulant des années entières sur les flots et les glaces, ont perdu leurs branches et leur écorce, et se trouvent rongés par le temps et les vers. Ce sont ordinairement des saules, des aunes, du bouleau, qui viennent des baies du sud, ou des trembles que la mer charrie de plus loin ; mais la plus grande partie consiste en pins et en sapins : cette dernière espèce est un arbre dur et rougeâtre, traversé de veines très-sensibles ; il est d’une odeur plus agréable que le sapin ordinaire.

Ce bois vient de quelque pays fertile sans doute, mais froid et montagneux. Quel est-il ? on l’ignore : ce ne peut être la terre de Labrador, contrée de l’Amérique assez voisine du Groënland, parce que ces arbres viennent avec les glaces que les courans poussent en Amérique, loin de les en amener. On pourrait plutôt croire qu’ils seraient apportés du Canada par un courant qui les pousserait au Spitzberg, et de là sur le Groënland ; mais ce devrait donc être des bois du nord de l’Amérique, et surtout des chênes, qui sont très-communs dans le Canada ; cependant on ne