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en roche. Une montagne assez peu élevée, et qui n’avait pas beaucoup de neige, terminait à l’orient cette longue perspective de glace, qui s’étendait fort loin à droite et à gauche. »

En général, les glaces suivent la direction des courans ou des vents. Si le vent est à l’ouest, il pousse les glaces dans les baies, de concert avec le flux des marées. S’il tourne à l’est ou au nord, il les chasse et les reporte à la mer avec le reflux. De là elles suivent les courans au nord, d’où elles se détournent au sud des terres septentrionales de l’Amérique, jusqu’à ce qu’elles y soient fondues par le soleil. Ainsi la côte occidentale du Groënland est alternativement couverte ou délivrée des glaces selon l’influence et la direction des marées, des vents ou des courans. Quand elles sont à une certaine hauteur, si c’est alors le vent d’ouest qui domine, les Groënlandais ne peuvent se mettre en mer sans courir de grands risques. Mais ce concours de difficultés arrive rarement, et ne dure guère plus de quinze jours.

La Providence a d’ailleurs dédommagé les habitans du Groënland des peines de la mer par des avantages que cet élément leur rapporte. Si la nature leur refuse des forêts et des arbres, elle ordonne à l’Océan de jeter sur leurs côtes une grande quantité de bois que les glaces des montagnes ont enfermé dans leur sein, ou du moins entraîné dans leur chute : sans cela, les Européens ne sauraient comment se chauffer en ce pays-là, et les Groënlandais