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ces glaces, qui semblent boucher le passage du détroit de Davis, dit qu’elles ne peuvent se former dans ce canal, tant à cause de l’agitation du flux et du reflux que de la rapidité du courant, augmentée par la force des vents. Le peu de glaces qu’il peut y avoir entre les îles et dans les golfes qui sont à l’abri du vent, ou même dans la baie de Disko, disparaît bientôt, emportée par les courans à la côte de l’Amérique. C’est de la côte orientale du Groënland que viennent les glaces qui couvrent ses bords à l’occident. Il paraît donc qu’elles ne peuvent sortir que de la mer Glaciale, qui, s’étendant de la Tartarie jusqu’au pôle, a bien assez de longueur et de largeur pour fournir tant de glaces. Mais, dit Crantz d’après Buffon, si sous le pôle ce n’était qu’une mer, elle ne s’y gèlerait pas, soit à cause du mouvement continuel des vagues agitées par l’oscillation de la marée et par l’inconstance des vents, soit parce que le froid n’y est pas aussi excessif que le fait présumer la latitude du climat. S’il y a des terres sous le pôle, la glace n’y prendrait pas pour cela de façon à couvrir toute l’étendue de la mer Glaciale. Il faut donc supposer que celle-ci reçoit tout ce qu’elle en donne des fleuves de la Grande-Tartarie, des côtes de la Nouvelle-Zemble et du Spitzberg, et de la côte orientale du Groënland, d’où toutes ces glaces sont portées, par un grand courant uniforme et régulier, le long de l’Islande, autour du cap des États, vers le détroit de Davis, au