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une situation dangereuse : car si la furie des vagues enflées par la tempête vient à briser ces glaces en morceaux, outre la commotion subite et violente qui en résulte sur la mer, il s’y forme un mouvement de tourbillon qui roule tous ces débris au centre ; et si le vaisseau se trouve au milieu de ce tourbillon, il est perdu : aussi se garde-t-on plus soigneusement de ces glaces brisées que des autres, parce qu’emportées plus rapidement par le courant, elles assaillent un navire de tous les côtés et le mettent en mille pièces, quoique la construction de cette espèce de vaisseaux soit d’une plus forte résistance. Quand il leur arrive d’être ainsi brisés, l’équipage se sauve sur la glace ou dans la chaloupe, jusqu’à ce qu’un autre vaisseau vienne le recueillir sur son bord. Cependant il faut que les vaisseaux suivent les baleines à travers les glaces, où elles se retirent quand elles se sentent saisies par un harpon : mais les pêcheurs ont alors la précaution d’attacher une pièce de glace à la poupe du vaisseau pour retarder la rapidité de sa course, et ne pas risquer qu’il soit emporté par la force des vents ou des flots contre ces îles de glace ; ou bien ils en écartent les plus grosses pièces avec de longues perches armées de fer ; ou même ils défendent les flancs de leur navire en y suspendant des baleines mortes, du moins la queue ou les nageoires de cet énorme animal.

Crantz, cherchant l’origine et la source de