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C’est surtout par les relations de ceux qui vont faire la pêche de la baleine au Spitzberg que nous pouvons connaître ces glaces flottantes, leurs causes, leurs effets, et ce qu’il y a de plus curieux et de plus important à savoir sur ce prodige effrayant des climats et des saisons.

La mer commence à charrier des glaces au Spitzberg dans les mois d’avril et de mai. Elles viennent au détroit de Davis en très-grande quantité, partie de la Nouvelle-Zemble, et la plupart le long de la côte orientale du Groënland, portées de l’est à l’ouest, suivant le mouvement le plus général de la mer. Elles sortent en grandes pièces, et semblent des campagnes ou des îles couvertes d’une neige épaisse. Quand la glace se détache dans tous les autres endroits, elle tient encore fortement au Spitzberg ; d’où l’on a conclu qu’il doit y avoir de la terre ferme à l’extrémité du pôle, puisque la glace y est prise. Avant d’apercevoir ces glaces fixes, on les reconnaît à la blancheur de l’atmosphère qui les couvre. Elles ne sont pas d’un clair transparent et poli comme celles d’eau douce, mais elles ressemblent à du sucre ; d’ailleurs spongieuses, parce qu’elles fondent par-dessous, et par-là plus approchantes de la couleur verte du vitriol. Quand les pêcheurs de la baleine ne veulent pas se hasarder au milieu de ces glaces dispersées, ils ancrent leurs vaisseaux à la glace fixe, ou même à quelque champ de glace flottante ; mais c’est toujours