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ne les séparent pas, elles se suivent de si près, qu’un homme pourrait sauter d’une pièce à l’autre, et même voir distinctement les jointures où elles se sont réunies. L’épaisseur n’en est pas toujours égale ; mais elles ont communément neuf à douze pieds. Elles sont salée parce qu’elles ont été formées de la congélation de la mer : ce n’est pas qu’il ne s’en mêle aussi que l’eau douce a fournies ; mais on le distingue aisément à leur transparence. Il y en a de cette espèce qui s’épaississent depuis quatre brasses jusqu’à dix, en se formant de plusieurs plans de glace attachés et collés l’un sur l’autre par la gelée. Ces masses s’élèvent au-dessus de la mer, et contiennent quelquefois une grande quantité d’eau douce, comme le bassin d’un étang. On en voit aussi qui sont surmontées de grandes ou petites montagnes de glace ; mais celles-ci se séparent de la plaine flottante, parce qu’elles donnent plus de prise au vent et au courant. Ces campagnes, vitrifiées par le froid, représentent de loin une perspective très-riche et fort variée. À mesure qu’on approche de ces glaces, l’air devient plus froid ; elles s’annoncent aussi par un brouillard épais et bas, qui les accompagne et les dérobe aux yeux. Cependant quelques navigateurs ont observé dans le détroit de Davis que cette sorte de brouillard se dissipe à proportion qu’on est plus voisin des glaces ; de même qu’en avançant plus au nord, on rencontre moins de glace et un air plus chaud.