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qui nagent sur les mers du nord y rendent la navigation difficile et périlleuse, mais beaucoup moins qu’on ne se l’imagine. Comme on les voit de loin, et qu’elles flottent à de grandes distances les unes des autres, on les évite sans peine, à moins qu’un brouillard épais ne les dérobe à la vue, et qu’une tempête violente, ou même la force des courans dans un temps calme, ne pousse et ne brise les vaisseaux contre ces écueils mouvans. Cependant, il est rare qu’il périsse quelque navire par ces accidens, même dans la baie d’Hudson, d’autant plus qu’on a toujours soin, sur les vaisseaux, de commettre un ou deux hommes pour veiller jour et nuit à ce danger. Les plaines de glace sont beaucoup plus à craindre que les montagnes ; les côtes du détroit de Davis sont presque toujours couvertes de plaines glacées et flottantes ; de sorte que les navigateurs sont obligés de les esquiver ou de tourner tout autour jusqu’à ce qu’ils trouvent un passage ouvert par les vents ou les courans : encore est-il bien hasardeux de s’y engager, parce qu’un vent ou un courant tout contraire, ou la marée ou la tempête venant à rapprocher ces glaces, elles peuvent croiser un vaisseau dans sa route, l’investir et le mettre en pièces.

Ces glaces, flottantes comme des radeaux, occupent quelquefois un espace de deux cents lieues de longueur sur soixante ou quatre-vingts de largeur ; et quand les vents ou les courans