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vallons, et surtout de montagnes dont la tête s’élève à six cents pieds au-dessus des eaux. Un missionnaire, homme d’ailleurs peu crédule et digne de foi, rapporte qu’à la baie de Disko, dans un fond de trois cents brasses d’eau, l’on a vu de grandes montagnes de glaces subsister des années entières, au point qu’il y en avait une qu’on appelait la ville d’Amsterdam, et une autre la ville de Harlem, et que les voyageurs, allaient radouber leurs vaisseaux et décharger leurs marchandises sur ces villes flottantes.

Cette glace est pour l’ordinaire très-dure, claire et transparente comme du verre, d’un vert pâle ou d’un bleu céleste ; mais quand on l’a fait fondre et regeler, elle devient blanche. On en voit qui tire sur le gris, et même sur le noir, mêlée et incrustée de terre, de pierres et de broussailles que la pluie y a fait entrer, et qui sont incorporées avec la glace comme le ciment dans une muraille.

Ces blocs et ces masses, grandes ou petites, se rencontrent sans nombre dans les baies du détroit de Davis, surtout au printemps, après une violente tempête qui les a détachées des terres voisines et jetées par pièces dans le détroit où elles se pressent vingt et trente à la fois, se heurtent, se brisent, s’écartent, se rejoignent et s’entassent l’une sur l’autre, par l’embarras de passer dans un chemin qu’elles se ferment à l’envi.

Quelques-unes s’attachent et séjournent sur