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qui de temps à autre jettent du feu et des flammes, et causent des tremblemens de terre : on en compte environ une vingtaine dans toute l’île. Les habitans des environs de ces jokuls ont appris par leurs observations que, lorsque ces montagnes de glace s’élèvent jusqu’à une hauteur considérable, c’est-à-dire, lorsque la glace et la neige ont bouché les cavités par lesquelles il est anciennement sorti des flammes, on doit s’attendre à des tremblemens de terre, qui sont suivis immanquablement d’éruptions de feu. C’est par cette raison, dit Horrebow, qu’à présent les Islandais craignent que les jokuls qui jetèrent des flammes, en 1728, dans le canton de Skatefiell, ne s’enflamment bientôt, la glace et la neige s’étant accumulées sur leur sommet, et paraissant fermer les soupiraux qui favorisent les exhalaisons de ces volcans.

On pourra se faire une idée des effets terribles de ces jokuls par le récit que nous allons donner du plus affreux ravage qu’on ait jamais vu en Islande, et qui arriva en 1721.

Le jokul appelé Katlegiaa, à cinq ou six lieues au nord de la mer, et près du Solheimavatn, dans le Skatefiell, s’enflamma après plusieurs secousses de tremblement de terre, et vomit beaucoup de fumée et de feu. Cet incendie fondit des morceaux de glace d’une grosseur énorme, d’où se formèrent des torrens impétueux, qui portèrent fort loin l’inondation avec la terreur, et entraînèrent jusqu’à