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teur sur le nord du Groënland. C’est de là qu’on entre dans la baie de Baffin, qui s’étend depuis le 72e. jusqu’au 78e. degré du pôle arctique. Guillaume Baffin, qui la découvrit en 1716 par le détroit de Davis, n’y trouva pas d’habitans au 74e. degré, mais seulement la place et les traces de quelques tentes, d’où il conjectura qu’il y venait des pêcheurs à certains temps de l’année. Malgré les prétentions des Groënlandais de Disko, qui veulent que le Groënland soit habité jusqu’au-delà du 78e. degré, on ne saurait vivre dans ces climats du nord si reculés. Ce n’est pas qu’il ne s’y trouve des oiseaux de mer, des ours blancs, des phoques, et même des baleines ; mais les nuits d’hiver y sont de toute la journée ; le pays n’est que de glace et de rocher ; les hommes y manqueraient de bois et de fer ; ils n’y trouveraient pas même du foin pour mettre dans leurs souliers, et ne pourraient trafiquer que pour de l’herbe ou de la paille, ni bâtir leurs maisons que d’argile au lieu de pierre, que de cornes ou d’arêtes de poissons, au lieu de bois.

Ce n’est jusqu’ici que le tableau géographique du Groënland ; mais, avant d’entrer dans ses terres et de parcourir les mers qui l’environnent, on doit aux voyageurs un détail précis et circonstancié de ses ports, et comme un itinéraire qui les guide dans une contrée trop peu fréquentée pour être assez connue.