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dans le Groënland. Elle a trois branches ou pointes, dont la plus élevée se voit à soixante lieues en pleine mer. Cette montagne tient lieu de phare aux navigateurs, et de baromètre aux habitans du pays ; car, dès qu’on est menacé de la tempête, le sommet de ce pic est enveloppé d’un petit nuage ou brouillard de pluie ; du reste, sa cime est constamment découverte, parce que la raideur de la montagne ne permet à la neige et aux glaces de se loger que dans ses fentes ou ses crevasses.

Un peu plus haut, toujours au nord, est le golfe de Bals, ou Bals-Fiord, qui s’avance au nord-est dans les terres, jusqu’à la longueur de vingt-huit lieues sur quatre lieues d’un bord à l’autre dans sa plus grande largeur. C’est à l’entrée de ce golfe qu’on trouve quelques centaines d’îles enfermées dans une enceinte de six lieues au plus.

Non loin de là sont les îles de Naparsok, remarquables par des traces de vie et de fécondité. On y voit de la verdure, on y entend des oiseaux. La mer y pousse des poissons et des phoques ; elle y jette une quantité de bois dont elle a dépouillé d’autres bords. C’est enfin là que s’arrêtent les glaces flottantes que la mer roule de la côte orientale autour du cap des États, et qui, poussées ensuite par les vents du sud, ne peuvent aller plus loin, parce que les courans trouvent à ce point du nord une sorte de réaction qui les tient en équilibre, ou de barrière invincible que la nature leur oppose.