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brisent jusqu’à ce qu’elles y puissent passer en morceaux détachés ; c’est ainsi que se forme ce fameux pont de glace. Il en doit être à peu près de même dans le détroit de Frobisher, par lequel la mer fait passer des courans de glace, d’orient en occident, sous des ponts cimentés d’une neige durcie par les hivers. Peut-être ce détroit a-t-il une issue cachée sous terre d’à côté de l’orient, et d’autant moins large qu’on remarque, dans les pièces de glace qui se dégorgent à l’embouchure occidentale de ce canal, qu’elles ne sont pas lisses et polies, mais raboteuses et sillonnées ; ce qui prouve qu’elles ont été froissées et morcelées par le courant dans le passage. »

Le même voyageur, que la curiosité semble attacher à cette extrémité du nord autant et plus que l’intérêt de son commerce, a tenté non-seulement de découvrir, mais de parcourir toute la longueur de ce détroit, pour voir s’il n’y aurait pas de communication entre la côte orientale et la côte occidentale du Groënland. Il croit que, du côté de l’orient, où l’on imagine que perce le détroit de Frobisher, il ne doit y avoir que deux ou trois montagnes qui ne soient pas toutes de glace, au lieu qu’au nord-est et au nord-ouest du Groënland on distingue très-bien le sommet des rochers, et la pierre ou la terre nue au-dessus des glaces et des neiges ; d’où il conclut qu’il y a un chemin, ou plutôt un courant de mer à travers le Groënland ; mais il ne con-