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les relations plus récentes et plus étendues ont beaucoup enrichi cette partie de la connaissance du globe, prétend que le détroit de Frobisher existe, mais que les glaces en ont fermé le passage. Il nous donne à ce sujet la relation d’un facteur des colonies danoises. Voici l’extrait de son récit, qui ne vient nullement à l’appui de l’opinion de Crantz, car le narrateur n’a vu aucune ouverture entre les terres, et se livre à des suppositions hasardées pour prouver qu’il en existe une qui s’étend au delà d’une large baie où les glaces se sont amoncelées, et où un esprit prévenu veut apercevoir un détroit.

« J’ai eu toutes les facilités, dans mes voyages, de bien examiner le détroit de Frobisher. Je ne pouvais d’abord concevoir comment il apportait tant de glaces dans la mer sans qu’il en parût aucune diminution sensible dans un passage qui devait être fermé par les terres, s’il n’eut été qu’une baie. Ce débordement des glaces dure depuis juillet jusqu’en novembre ; et lorsque le courant est fort et le temps calme, elles forment sur la mer une étendue de vingt à trente lieues de longueur, sur cinq ou six de largeur, à moins que le vent ne les pousse plus avant et ne les disperse. Quand je demandais aux Groënlandais d’où venait cette prodigieuse quantité de glace : « C’est que le canal est long et n’a point de fin, me répondaient-ils ; on dit que nos pères le traversaient autrefois. »

« Impatient de ne pas en savoir davantage,